Blotti au milieu d’un parc boisé de sept hectares, le château du Pé offre un très beau point de vue sur la Loire. Propriété communale depuis 1997, le château a été entièrement restauré. Il accueille des expositions temporaires, des réunions et des séminaires ; il abrite également les Chambres d’artistes au château du Pé, chambres aménagées par des artistes contemporains dans le cadre de la manifestation Estuaire Nantes<>Saint-Nazaire 2007-2009-2012 et ouvertes à la location.
Un peu d’histoire…
Le mot Pé vient du latin podium (promontoire).
Trois châteaux sont édifiés successivement sur le site du Pé.
L’époque féodale
Au IXe siècle, le comte de Nantes Alain Barbetorte, vainqueur des Vikings, bâtit plusieurs sites défensifs le long de la Loire pour prévenir de nouvelles invasions. Pour remercier le capitaine anglais Alain Borrigan de l’avoir aidé à reconquérir son comté, il lui offre le fief du Pé. Borrigan y établit une motte féodale surmontée d’un château en bois dont il ne reste rien, et devient le seigneur de Saint-Jean-de-Bouguenais.
Les Borrigan, devenus Bourrigan du Pé occupent le lieu du XIIe au XVIe siècle et construisent un château féodal en pierre, dont il subsiste encore les caves, sous les terrasses nord et sud. Au début du XVIe siècle, cette puissante famille est proche de la cour du duc de Bretagne. Jacques du Pé est porte-étendard de la duchesse Anne de Bretagne. En 1590, Claude du Pé épouse Diane Martel. Par lui s’éteint la branche des Bourrigan à Saint-Jean-de-Bouguenais.
La dynastie des Martel
Les Martel deviennent seigneurs du Pé au XVIIe siècle. En contrepartie de leur participation à l’aménagement de la Loire entre Frossay et Saint-Sébastien-sur-Loire en 1763, ils obtiennent une grande partie des atterrissements réalisés pour canaliser le fleuve. Ces riches prairies, louées aux bouchers nantais pour l’élevage de bovins, procurent à René de Martel d’énormes revenus qu’il investit en partie dans le commerce triangulaire.
Le château féodal fait alors place à une ravissante demeure, de style folie nantaise. De nombreux domestiques servent le propriétaire qui donne des réceptions pour l’aristocratie et la haute bourgeoisie. Les hôtes arrivent en bateau à voiles à l’entrée nord de la propriété. À la belle saison, le parc est le théâtre de fêtes somptueuses : feux d’artifice tirés au-dessus du bassin et partie de chasse sont au menu des réjouissances.
L’après Révolution
Après la Révolution, les héritiers sont la famille de Kercabus et Anonyme de Martel, un cousin breton, dont les tombes sont visibles dans le cimetière communal. Entre 1830 et 1835, Sophie de Martel fait bâtir dans le style architectural italien la maison du gardien et une tour d’agrément d’où l’on contemple le paysage.
Par succession, la propriété entre dans la famille de Tinguy puis de celle des Monti de Rezé en 1918. La comtesse de Monti accueille sur sa propriété les fêtes populaires religieuses et les exhibitions de l’Alerte (société de gymnastique). Elle loue même le château à l’évêché qui y organise une colonie de vacances.
Mme du Réau de la Guignonnière hérite en 1939 et le Pé devient villégiature d’été. Tour à tour, le château servira de salle de classe pendant la construction de l’école Saint-Marc, accueillera des réfugiés alsaciens, abritera des Allemands pendant quelques semaines et des réfugiés de la poche de Saint-Nazaire.
À la fin de sa vie, Mme du Réau confie les clés du domaine à la paroisse. L’abbé Guihéneuf fait connaître Saint-Jean-de Boiseau grâce au festival folklorique international qu’il organise au Pé de 1950 à 1969.
1997, la municipalité achète… une ruine
Ces utilisations successives ont entraîné la dégradation des bâtiments. Les années 1970 sont dramatiques pour le Pé. Le dernier propriétaire, Berset de Vaufleury, qui n’a pas les moyens d’entretenir le château, vend les plus beaux arbres du domaine pour payer une partie de ses charges.
Tombé en ruine, le château n’est plus habitable. Pour éviter sa destruction envisagée par des promoteurs, la municipalité en fait l’acquisition en 1997 et en décide la rénovation.
Treize ans de travaux
1998-2003. Après que des retraités aient nettoyé le domaine, l’architecte paysagiste Yves Bureau organise la remise en état du parc : allées, bassin, esplanades… À la même période, la municipalité associe à la restauration de la maison du gardien la société d’histoire locale qui en a aujourd’hui l’usage. Réalisée dans le cadre d’un chantier d’insertion, cette rénovation utilise des matériaux traditionnels : tige de botte, briquettes, enduit à la chaux…
2003. Les architectes Alain Diatkine et Pascal Filâtre sont chargés de la restauration du château. La réalisation d’une toiture neuve impose la réfection complète de la charpente. Ce chantier, comme celui du remplacement des huisseries extérieures et des portes et fenêtres, nécessite de refaire toutes les maçonneries (cadres de fenêtres, corniches, cheminées, pilastres). En 2006, le château est à l’abri des intempéries.
S’ensuit la rénovation intérieure (parquets, lambris, plafonds, décoration, peinture), l’installation du chauffage par géothermie, le raccordement au réseau d’assainissement, la pose de sanitaires, la création d’un nouvel escalier…
La remise en état des planchers entre les différents niveaux génère d’importants travaux car l’ensemble du solivage avait été très endommagé par les infiltrations d’eau.
2010. L’aménagement de six chambres, délégué au Voyage à Nantes, est réalisé par des artistes plasticiens de renom international.
2011. La tour du Pé, à l’ouest du parc, est restaurée.
2012. L’artiste [?Jeppe Hein] installe dans le grand bassin du parc son oeuvre intitulée Did I miss something ?.
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